Traffic
1999-2003
There are always traffic jams on Canal Street. The people behind the tinted windows of their large sedans look melancholy and resigned. Others, in buses and taxis, appear bored, overwhelmed by the long day. I stand on the sidewalk, examining them with a powerful telephoto lens.
I watch them watching me, incredulous, stupefied, like an animal caught in a car’s headlights at night. Some of them don’t move. Others try to turn away, protect themselves with a newspaper or their hand. And then there are those who confront my mechanical gaze -mostly women -, abandoning their image to a fate they cannot control.
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Il y a toujours des embouteillages sur Canal Street. Les gens, les Américains semblent mélancoliques et résignés, tapis derrière les vitres teintées de leur grosse berline. D’autres dans les bus ou les taxis s’assoupissent, frappés par la longueur du jour. Moi, sur le trottoir, je les ausculte à travers mon puissant téléobjectif.
Je les regarde me regarder, incrédules, stupéfaits comme les animaux pris dans les phares, la nuit. Certains ne bougent plus. D'autres tentent de se tourner, se protègent du journal, de la main. Quelques-uns – surtout des femmes - confrontent mon regard mécanique abandonnant ainsi leur image à une destinée dont ils ne savent rien.