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I photograph so that I have an excuse for looking. I photograph to grasp what is otherwise inaccessible. I photograph because photography causes less damage than a machine gun. I photograph to forget. My work is a way of looking through a half-open door, revealing a place where stories aren’t articulated or explained but remain secret, affording us the pleasure of discriminating, discovering, imagining.
Over the years, my work has taken various forms, but people have always been the focus of my concern––their activities, the traces they leave behind. Photography has allowed me to remain among them, to be, in Merleau-Ponty’s words, “both seer and seen.”
For years I have been engaged in revealing secret worlds, places that had been rejected outright or were too fleeting to capture our attention. Sometimes I confronted my subject directly, at others I hunted it down, stealing its image. Feelings of transgression, clandestinity, obsession, and movement were often present. And at times primordial loss, the narcissistic wound, the impossible desire of the Other seeped into my field of view. Now, however, I am more interested by the unstable nature of what we call reality. Photography is a marvelous tool for interrogating our presence/absence in the world. It is essential for me to question my practices and recognize the subjectivity of my perspective, as well as the spectacular aspect of the media in which I participate. I am looking for forms of narration that are more personal, interactive, and inclusive, while seeking an ever fragile equilibrium among poetic, psychological, and political perspectives.
Images––as well as sounds and ideas––are unstable objects that multiply and fracture, are transformed and recombined in the immense kaleidoscope we call reality. I am looking for projects that can be expressed in different networks––journalism, cinema, the Web, art galleries, books ––and that participate in the new fluidity and overall decompartmentalization of forms of representation.


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Je photographie pour avoir une excuse pour regarder. Je photographie pour saisir ce qui n’est pas accessible autrement. Je photographie parce que ça fait moins de dégât que le tir à la mitraillette. Je photographie pour pouvoir oublier. J’aimerais que mon travail soit comme regarder à travers une porte entrouverte, où les histoires ne sont pas articulées ou expliquées, mais restent plutôt secrètes, laissant au spectateur le soin de discerner, de découvrir et d’imaginer.
Photographier les gens, leurs activités, leurs traces, est pour moi une façon adéquate d’être parmi eux tout en variant d’une série à l’autre les paramètres de la formule de Maurice Merleau-Ponty : « Mon corps est à la fois voyant et visible ».
Pendant longtemps, il s’agissait de dévoiler des mondes secrets, rejetés ou trop fugaces pour que l’on y porte attention. Parfois, je bondissais sur mon sujet, parfois, je le traquais en cachette et lui volais son image. Il y avait souvent des sentiments de transgression, de clandestinité, d’obsession, de mouvement. Parfois, le manque primordial, la blessure narcissique, le désir impossible de l’Autre suintaient.
Maintenant, je suis plutôt fasciné par la nature instable de ce qu’on appelle réalité. La photographie est un merveilleux outil pour interroger notre présence/absence au monde.  Il me semble important de questionner aujourd’hui mes pratiques, reconnaître la subjectivité de ma perspective, ainsi que l'aspect  spectaculaire des médias auquel je participe, et de proposer des formes de narration plus personnelles, interactives, inclusives, tout en recherchant un équilibre toujours fragile entre des perspectives poétiques, psychologiques et politiques.
Les images – ainsi que les sons, les idées…– sont des objets instables qui se démultiplient, se fractionnent, se transforment et se mélangent comme dans un immense kaléidoscope que nous appelons réalité. Je voudrais proposer des projets qui se déclinent dans une multitude de réseaux – Internet, presse, cinéma, galeries, livre – et qui participent ainsi à la nouvelle fluidité et au décloisonnement général des formes de représentation.